La riposte des associations contre un plan d’économie pour les centres d’hébergement
Cinq fédérations ont saisi le Conseil d’Etat. Elles estiment ne pas pouvoir assumer leur mission en raison de restrictions budgétaires.
Par Isabelle Rey-Lefebvre Publié hier à 10h21
Cinq fédérations d’associations gestionnaires de la quasi-totalité des 880 centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) qui accueillent 44 000 sans-abri, organisent la riposte face aux restrictions budgétaires. Le 25 juillet, elles ont saisi le Conseil d’Etat pour annuler un arrêté du 13 mai qui fixe les prix de journée plafond pour ces structures, arguant de l’impossibilité, à ce prix-là (en moyenne 16 000 euros par an et par place, soit 44 euros par jour), d’assumer leur mission fixée par le code sanitaire et social. Une trentaine de recours locaux ont aussi été formés.
Les CHRS sont les structures d’accueil les plus qualitatives en direction des publics vulnérables avec, comme leur nom l’indique, une mission d’insertion. Ce sont donc aussi les plus chères si on les compare aux centres d’hébergement d’urgence, dont la vocation est restreinte à la mise à l’abri.
Le gouvernement a, dès 2018, entamé un plan d’économie sur quatre ans, de 57 millions d’euros sur un budget total de 640 millions d’euros. Une première coupe de 20 millions d’euros, en 2018, a été suivie, en 2019, d’une autre de 12 millions d’euros, atténuée par le versement de 10 millions d’euros de subventions dans le cadre du plan pauvreté et précarité dont la pérennité, les années suivantes, n’est cependant pas assurée. Pour 2020 et 2021, c’est l’incertitude.
Deux postes supprimés sur huit
« En 2018, notre dotation globale de fonctionnement a chuté de 4 %, raconte Michel Gocel, directeur d’Est accompagnement qui gère trois CHRS en Moselle avec 120 salariés. Nous avons réagi sans délai en fermant le CHRS d’Ars-sur-Moselle pour le regrouper avec celui de Metz et sans supprimer de places car nous en avons ouvert, pour le public le plus autonome, dans des appartements en ville, à Metz. Elles sont moins coûteuses car nous n’y assurons pas les repas et l’accompagnement social y est plus léger. Quant aux subventions plan pauvreté perçues en 2019, elles sont précaires et compter dessus pour les années suivantes est un pari dangereux. »
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La purge a été plus rude pour le CHRS Le Cap, de l’Association départementale pour la sauvegarde de l’enfant à l’adulte de la Manche (Adseam), à Cherbourg : 8 % des crédits de fonctionnement, soit 77 000 euros en moins, l’ont obligée à supprimer deux postes d’éducateurs sur huit. « C’est énorme et, depuis, on survit, explique Stéphane Malherbe, son directeur. Les éducateurs travaillent désormais seuls alors que nous accueillons un public qui souffre de troubles psychiatriques, d’addictions et nécessite un accompagnement long. Mais l’Etat nous oblige à restreindre la durée des séjours et à justifier, tous les six mois, les prolongations. »
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