http://www.politis.fr/24-h-pour-le-logement-La-situation,15991.html
Ils étaient un petit millier à se frayer un passage au milieu des voitures, jeudi après-midi, dans les rues de Paris. Toute l’après-midi et jusque tard dans la soirée, les associations et professionnels de l’hébergement d’urgence et de l’insertion ont manifesté pour dénoncer « la gravité et l’urgence de la situation » des 3,5 millions de mal-logés et les 700 000 sans-domicile en France. « C’est pire que jamais », s’inquiète Catherine Cabannes, directrice territoriale à Paris de l’association des Cités-Secours Catholique, qui remonte le cortège d’un pas énergique.
Au cours de la campagne « 24 h pour le logement », les collectifs d’organisations « Urgence un toit »et « Un chez-soi pour tous » rejoints pour l’occasion par des sans-logis, demandent que les lois sur le logement opposable (Dalo) et pour la construction de logements sociaux (SRU) soient effectivement appliquées.
« Notre métier est remis en question »
Derrière son slogan ambitieux, « un logement pour tous », le gouvernement veut privilégier l’attribution d’appartements sociaux pour les sans-domicile pour réduire le placement en centre d’hébergement. Un discours que les travailleurs sociaux reçoivent comme une provocation, dans un contexte de grave pénurie de logements. D’autant que cette « politique » s’est rapidement traduite par des coupes budgétaires importantes pour les associations qui gèrent les centres d’hébergement. « Cela représente environ 10 % en moyenne pour chaque association », relève Catherine Cabannes :
« Benoist Apparu, [secrétaire d’État au logement], veut cantonner notre action à l’accompagnement au logement en nous réduisant à des simples bailleurs sociaux, ajoute-t-elle. L’accompagnement des problèmes relationnels, psychologiques, sociaux, est totalement remis en question. Nous avons l’impression que notre travail et la lutte contre l’exclusion sont remis en cause fondamentalement »
« Le mépris des riches pour ceux qui sont dans la merde »
« Ça devient de plus en plus difficile, confirme Cyril Meyriat des Compagnons de la nuit, association qui tient un lieu d’accueil et de vie dans le quartier latin. Le travail social se pense de plus en plus en termes de « prestations » avec une tendance à la rationalisation, alors que nous concevons notre métier dans la relation. »